
Depuis l’Antiquité, le parfum a toujours accompagné le parcours de l’homme. Ce sont les Croisés qui ont introduit cette coutume en Europe, important des fragrances d’Orient par Gênes et Venise. Avec la découverte de l’Amérique, de nouvelles substances odorantes arrivèrent en Espagne, puis également en Italie.
La Renaissance fut l’âge d’or de l’art du parfum, notamment à la cour des Médicis à Florence.
Substances animales pour des parfums plus puissants
Les parfums les plus utilisés et appréciés étaient d’origine animale, car ils avaient une odeur plus forte et plus pénétrante. L’« Ambre odoriférante », très précieuse, était produite à partir des sécrétions intestinales du cachalot. Quant au « Musc », c’était une substance odorante extraite des glandes péri-ombilicales d’une espèce de chevrotain des montagnes d’Asie centrale.
Ces substances, initialement désagréables à l’odorat, étaient diluées et mélangées avec de grandes quantités d’épices et d’herbes, jusqu’à devenir agréables et très persistantes.
Les Médicis et leur passion pour la botanique
Il existait également des essences extraites des fleurs et des plantes, aux parfums plus agréables. L’étude de la botanique et la création de jardins et potagers pour la culture de nouvelles espèces végétales ont ainsi favorisé la diffusion des parfums naturels.
Tous les princes de la maison de Médicis se sont occupés de botanique, fournissant constamment de nouvelles plantes dont on pouvait extraire des épices et des essences.
Lorenzo le Magnifique, après le milieu du XVe siècle, fut le premier à se consacrer à l’étude des herbes. C’est à cette époque qu’est compilé le premier texte officiel de pharmacopée, le plus important pour les pharmaciens de la Renaissance : Le Ricettario fiorentino, qui, en plus de la médecine, traitait également des ingrédients et des recettes utilisées en parfumerie et en cosmétique.
En 1544, Cosimo Ier, passionné de botanique, créa à Pise le premier jardin botanique au monde. En 1556, ce fut au tour du « Giardino dei semplici » à Florence, destiné à la collecte des collections botaniques, herbes médicinales, fleurs et agrumes de la famille Médicis. Le grand-duc François Ier, fils aîné de Cosimo Ier, s’intéressa également beaucoup à l’étude de la botanique et imagina même un jardin suspendu avec fleurs et plantes sur la Loggia dei Lanzi, sur la place de la Seigneurie.
Mais c’est le fils illégitime de Francesco, Don Antonio de’ Medici, qui donna le plus grand élan à l’art de la parfumerie. Amoureux des plantes et adepte de l’alchimie, Don Antonio expérimentait des recettes curatives et des solutions alchimiques où les herbes médicinales et aromatiques, cultivées dans le « Giardino dei semplici », étaient combinées à des poudres de minéraux et des essences.
En 1613, Cosimo II planta à Boboli un « Labyrinthe de verdure et un nouveau jardin » et c’est lui qui introduisit la mode des essences, eaux et parfums aux senteurs fortes venant d’Espagne.
Ferdinando II accorda son patronage à l’Officina Profumo-Farmaceutica di Santa Maria Novella, fondée au XIIIe siècle par les pères dominicains, célèbre dans toute l’Italie et à l’étranger pour ses médicaments et ses eaux parfumées. Sous sa protection, l’Officina obtient le titre honorifique de « Fonderia de Sa Majesté Royale ». Ouverte au public en 1612, la pharmacie-herboristerie de Santa Maria Novella poursuit son activité jusqu’à aujourd’hui.
Les études sur les plantes menées par Ferdinando II et son fils Cosimo III ont favorisé cet intérêt pour les fragrances, au point qu’il était à la mode de préparer un parfum adapté à chaque personne. Vittoria della Rovere, épouse de Ferdinando II, partageait également une grande passion pour les parfums : elle n’aimait pas les senteurs délicates à base de fleurs et de plantes, mais préférait les parfums animaux, plus vifs et puissants, et elle s’adonnait souvent à leur fabrication. Vittoria partageait cette passion avec ses beaux-frères, le cardinal Giovanni Carlo et le cardinal Leopoldo.
Giovan Carlo était un amoureux des plaisirs des sens, surtout ceux de l’odorat et du goût. Ses essences étaient conservées dans ce qu’il appelait « l’armoire des odeurs » (« Armadino degli odori »).
Parmi tous les membres de la famille, le plus passionné de botanique fut sans doute Cosimo III. Depuis son jeune âge, il montrait une forte inclination pour cette discipline, ainsi que pour la médecine. Il profitait souvent de ses voyages à l’étranger pour acheter de nouvelles plantes et épices. De retour à Florence, il faisait greffer de nouvelles variétés médicinales et odorantes à Boboli et dans les villas de campagne. Lors de ces occasions, le Grand-Duc était toujours présent : il récoltait les plantes de ses propres mains (un geste peu courant pour un prince !) et étudiait leurs vertus. Le naturaliste Francesco Redi était un bon ami à lui. Les célèbres publications scientifiques de Redi furent rendues possibles grâce aux connaissances qu’il avait acquises dans les jardins médicéens et les officines grand-duchales.
Les parfums comme symbole de luxe et de prestige
Au XVIIe siècle, le parfum n’était pas seulement utilisé comme produit d’hygiène personnelle, mais il était également devenu un symbole de luxe et de prestige. Les seigneurs eux-mêmes s’essayaient à leur préparation. Toutes les cours de l’époque étaient de véritables serres renfermant des distillats de fleurs et des parfums d’origine animale, à inhaler dans les pièces, à asperger sur les objets, voire même sur les aliments. Dil ués dans les boissons, ils stimulaient l’odorat et le palais.
C’est pourquoi, encore aujourd’hui, Florence accueille une tradition séculaire perpétuée par de grands parfumeurs internationaux. Il ne reste plus qu’à se laisser aller aux sens et partir à la découverte de ces essences à travers la ville!